La représentation du mouvement co-habitat et sa structuration
Là encore un constat partagé : pour peser sur les politiques du logement (et dans le contexte français ce point est particulièrement important, l’Etat jouant en la matière un rôle central), il importe d’articuler une demande sociale, aujourd’hui diffuse et de lui donner voix, audiblement (à l’heure où un groupe de parlementaires autour de Noël Mamère remet la question du statut des coopératives d’habitants sur le tapis). Cette question semblant moins préoccuper les « habitants » (les individus engagés dans des projets) que les associations et réseaux qui les accompagnent. C’est dommage d’ailleurs, si ce n’est dommageable, le débat finissant par se déplacer insensiblement sur la question des formes que pourrait prendre la représentation (quand ce n’est sur la légitimité des entités se voulant représentatives) avant même d’avoir abordé le fond : la nature et le contenu de ladite demande sociale? La question sera à l’ordre du jour autour de propositions – convergentes – de repartir du local et du terrain (les « habitants ») pour mieux appréhender le besoin et penser une forme adaptée. Où il sera également question des moyens pouvant supporter cette démarche : dans le monde « virtuel » des réseaux informatiques, comme dans le monde réel.
Et bien sûr en arrière-plan de ces enjeux : la méthodologie et l’accompagnement du co-habitat
Les moyens… Ce n’est pas tant la méthodologie qui ferait défaut : des ouvrages et documents existent sur le sujet qui proposent un cadre général clair, que les retours d’expérience sur sa mise en oeuvre. Les groupes communiquent peu sur ces aspects (on peut comprendre que leur énergie se concentre sur leur projet et que le recul leur manque) et les structures d’accompagnement semblent paralysées dans leurs efforts de mutualisation par la crainte de la concurrence. Un paradoxe : alors qu’il n’existe pas de marché pour l’accompagnement (et il n’en existera pas tant que les projets n’avanceront pas) et très peu de retours d’expérience, on assiste déjà – encore? – à une « guerre des tranchées » pour sa conquête. Il est légitime pour qui investirait du temps dans la création d’outils pratiques pour les projets d’habitat groupé en vue de se professionnaliser de penser au « retour sur investissement » et il n’est pas ici question de dire que ce travail devrait nécessairement être mis gratuitement à la disposition de tous, mais de constater que sans un minimum de mise en commun et de mise en circulation c’est tout un savoir collectif qui est en panne. Le développement de l’habitat groupé passe par celui de la connaissance collective, d’un terreau culturel qui seul permettra aux projets de croître. Espérons là encore que les rencontres de Nantes verront la discussion et la logique coopérative avancer.
Cette édition 2009 arrive à un moment crucial pour le développement de l’habitat groupé coopératif : ou se dégagent de vraies synergies et une amorce de coopération articulant local / régional / national au service des projets, ou il est à craindre que les projets tardent à voir le jour (au-delà bien sûr du temps nécessaire à leur maturation et concrétisation).