Après Lyon, Toulouse et Bordeaux, c’est au tour de Nantes d’accueillir les rencontres nationales de l’habitat coopératif. Avant l’ouverture officielle le 3 décembre et le passage de ce blog en mode « direct », retour sur les enjeux de cette 4ème édition.
La concrétisation des projets de cohabitat
Les projets de cohabitat et d’habitat groupé, coopératif ou non, se multiplient un peu partout en France (avec cependant une intensité plus forte autour des grandes métropoles – Bordeaux, Toulouse – et sur les territoires où pré-existe une tradition coopérative en matière de logement : Lyon et Grenoble, le grand Ouest) mais les premières (nouvelles) réalisations se font attendre. Affaire de contexte très certainement : rareté et flambée du foncier, complexité de la législation, crise économique, crise sociale … Les facteurs se conjuguant pour ajouter à la difficulté de projets par nature complexes. Mais au-delà de la conjoncture (qui mérite d’ailleurs d’être examinée localement) le « retard français » a de quoi questionner.
Les hypothèses sont multiples : frilosité des politiques, inadaptation du cadre législatif, insuffisance des réseaux dans leur fonction d’accompagnement, exception culturelle… aucune à elle seule ne suffisant à expliquer pourquoi l’habitat groupé peine tant à redécoller en France (et pourquoi il est question de redécollage). Si les rencontres mettent au premier plan les aspects « concrets », elles ne manqueront pas, espérons-le, au travers de l’analyse croisée des expériences européennes ou d’interventions de chercheurs de se pencher sur la question.
La question juridique du cohabitat
Fréquemment évoquée comme l’un des freins majeurs au développement de l’habitat coopératif, la question juridique est dans tous les esprits des porteurs de projets et structures d’accompagnement. En cause, l’absence d’un cadre juridique spécifiquement adapté aux coopératives d’habitants (les coopératives d’habitation existent dans le champ du logement social) depuis l’abrogation en 1971 des lois autorisant coopératives de location et de location – attribution. Si le constat est unanime, les solutions envisagées sont multiples : création d’un statut spécifique (dont le contenu n’est pas très clair) défendue par Habicoop, montages exploitant les cadres existants (SCIAPP, S3C …) défendus entre autres par AERA (Toulouse) ou le GRT Ouest (réseaux d’associations et professionnels de l’accompagnement); et en l’absence d’un réel effort pédagogique demeurent peu lisibles pour les porteurs de projets.
Sans compter que chaque projet étant particulier (inscrit dans un territoire et dans un contexte spécifique, disposant de ressources financières très variables, se donnant des objectifs propres), l’idée même de solutions « clés en main » paraît extrêmement délicate à mettre en oeuvre. Espérons là-aussi que ces rencontres sauront clarifier les options et perspectives qui s’offrent aux porteurs de projets.